Organisateur de soirées électroniques, le Sagouins Crew souhaite s'imposer comme un pilier majeur de la scène nocturne toulousaine. S'ils animent notamment l'Afterplay, la Dynamo ou le Follow-me, ils n'ont pas peur de se produire dans des lieux insolites comme des châteaux. The Bass-Cook nous invite à découvrir les dessous d'une asso qui a soif de beat.
Tout d'abord quelques mots sur toi pour nous dire qui se cache derrière The Bass-Cook ?
The Bass-Cook c'est mon nom de scène, je mixe dans l'asso. J'ai commencé, à quelques semaines près, en même temps que sa création, ça s'est fait simultanément. Cela faisait longtemps que j'avais en tête de mixer et je me suis dit que c'était l'idéal de se lancer au sein de sa propre asso.
Le pseudo The Bass-Cook s'est vite imposé. J'ai toujours apprécié le pseudo Cook et à l'époque où Facebook est arrivé, je ne voulais pas mettre mon vrai nom alors j'ai mis Cook. Quand j'ai commencé à mixer j'ai rajouté Bass en référence aux basses composants l'essentiel de la Drum'n'bass, qui est mon style de prédilection. En plus, ça pourrait presque se traduire par "le cuisinier de la basse" qui correspond plutôt bien à l'activité de DJ selon moi.
Du coup tu as participé à la création du Sagouins Crew. Depuis combien de temps existe l'asso et surtout, comment est née l'envie de se lancer dans cette aventure ?
Officiellement l'asso existe depuis octobre 2015. Officieusement, ça a commencé le soir du premier de l'an 2014. Tout est parti du fait qu'on a organisé un nouvel an entre potes et face aux retours du public et à la reconnaissance que cela nous a apportée, on s'est posés autour d'une table et on a décidé de continuer... L'envie c'était de devenir acteurs et pas simplement spectateurs de nos sorties du week-end, et de créer des soirées à notre image, selon nos envies. À cette époque on n’avait pas idée des galères que ça représente !
Aujourd'hui le Sagouins Crew c'est combien de personnes qui travaillent à son fonctionnement ? Comment on s'organise pour prendre des décisions ?
Actuellement on est huit, contre dix à la création. Il y a aussi des bénévoles qui gravitent autour et nous aident à l'occasion. À la base, les décisions étaient prises grâce à un vote en présence de tous les membres. Mais on s'est aperçus qu'en fonction de l'investissement de chacun et des connaissances parfois limitées de certains sur tous les tenants et les aboutissants du sujet, les personnes votaient pour des choses sans forcément envisager les aspects importants. On a donc décidé de constituer un bureau de trois membres qui prenaient des décisions en amont avant de les soumettre en réunion au reste du groupe. Comme le bureau est composé de 3 personnes ayant des goûts très différents, ça donne un échantillon très représentatif de l'association et ça nous a permis de gagner énormément en efficacité.
C'est quoi la force du Sagouins Crew ?
La vraie force de notre asso, quand on a démarré, c'est le fait que l'on hésitait pas à proposer cinq ou six styles différents de musiques sur une même soirée. En fait, on pensait au nombre de fois où notre bande se séparait le week-end pour aller chacun dans la soirée qui correspondait à ses goûts musicaux et on a eu la volonté de proposer des soirées pour les gens dans la même situation que nous avec le désir de pallier ce différend et de rassembler tout le monde.
On imagine que la scène électro a évolué depuis la création de l'association. Le public s'élargit et la demande augmente. Comment on gère la concurrence ?
À l'époque il n'y avait pas autant d'assos qu'aujourd'hui et il y avait beaucoup de lieux pour accueillir le public. Maintenant c'est plus difficile, les assos sont de plus en plus nombreuses, les salles moins nombreuses et moins adaptées. Le nombre grandissant de DJs permet une certaine émulation, on trouve sur Toulouse des artistes et des producteurs de qualité. C'est une bonne chose car le public est de plus en plus connaisseur mais c'est plus compliqué de se démarquer en tant qu'artiste ou organisateur.
En plus de gérer l'asso, tu mixes dedans, tu es un peu un artiste maison - tu es le seul ou il y en a d'autres comme toi ?
Aujourd'hui nous avons quatre membres qui sont DJs, mais nous avons également de nombreux DJs (pas loin de dix) qui sont labellisés Sagouins Crew. Ce sont des artistes qui jouent régulièrement sur nos soirées et qui sont annoncés comme membres du Sagouins Crew lors d'événements externes. Eux nous donnent de la visibilité et en échange, on leur garantit des dates tout au long de l'année sur nos soirées.
Du reste, vous programmez quels types d'artistes ? Comment fait-on pour les démarcher ?
On démarche tous types d'artistes, des locaux qui se lancent aux piliers du milieu qui tournent depuis dix ans ! On ne met pas un style en avant, au contraire on essaye d'en représenter un maximum. Les principaux étant la Techno, la trance, la DNB, la hardtek ou la Tribe.
Concernant les gros noms, il faut en général traiter avec les agences de booking qui gèrent tout pour eux : trajets, exigences le jour J, matériel à mettre à disposition, heure de passage, etc. Cela demande beaucoup de temps et d'investissement mais c'est toujours un réel plaisir de rencontrer les artistes et de se dire qu'on a réussi à booker un tel ou un tel ! Nous avons eu l'occasion de travailler avec de vrais légendes comme Chris Liberator & Sterling Moss, Mat Weasel ou encore Freedom Fighter pour ne citer qu'eux.
On peut trouver des stickers de l'asso dans les rues de Toulouse, le nom et le logo c'est un peu le reflet de l'identité du groupe, comment vous avez trouvez les vôtres ?
On va pas se mentir, on peut dire que nos soirées entre potes étaient (et sont toujours) sources d’un peu de dégâts. Et un jour entre deux verres quelqu'un nous a sorti "vous êtes vraiment des Sagouins". Ça a beaucoup fait rire tout le monde et ça ressortait à chaque fois que les apéros ou les afters partaient en sucette. Donc au moment de choisir un nom c'est vite revenu et même si ça a pu faire débat, ça a fini par devenir le nom de l'asso. En y réfléchissant, c'est plutôt sympa, ça marque les esprits. Et comme pour certains ça peut avoir une connotation négative, on a rajouté "Crew". Sur les papiers officiels on s'appelle SG CREW.
Après coup on s'est renseigné sur le vrai sens du terme Sagouins et on s'est aperçu que c'était une espèce de petits singes, d'où la tête de singe entourée de caissons sur le logo ! C'est un pote à moi que j'ai rencontré dans un ancien taff qui avait aussi été DJ et qui était graphiste qui nous a gentiment aidé ! Un big up a JD si tu lis ces mots ! C'est d'ailleurs lui qui réalise nombre de nos affiches et bannières, il a toujours fait un super taff !
Revenons-en un peu à toi, comment es-tu tombé amoureux de l'électro? Quel est le genre que tu affectionnes le plus ?
À dire vrai, j'ai été très réfractaire à l'électro pendant longtemps et c'est en découvrant la drumstep puis le drum'n'bass que j'ai vraiment accroché. S'il y a des dizaines et des dizaines de styles d'électro, c'est la drum qui m'a le plus parlé. À l'époque j'écoutais énormément de Punk et de Rock et c'est dans la drum que j'ai retrouvé cette énergie. On trouve des similitudes, même au niveau rythmique, et je pense que c'est ce qui a fait que j'ai de suite adoré. Pour moi, la Drum et plus particulièrement la Neurofunk, c'est un peu le Punk moderne. Mais il y a de nombreux sous-styles de Drum comme la Jungle, la Liquid ou la Deep. À l'origine c'est une musique qui reprend aussi pas mal de codes du Jazz et j'apprécie énormément cette diversité au sein de ce style.
Qu'est-ce qu'on répond aux réfractaires qui refusent de considérer l'électro comme de la musique et qui la résume à un phénomène et réduit son public aux teuffeurs ?
Si la "teuf" tient en effet une place importante dans la musique électronique underground, on en retrouve malgré tout dans de nombreux styles plus "mainstream", que ce soit la musique diffusée sur des festivals type Tomorrowland ou les instrus de nombreux rappeurs. Certains groupes de rock utilisaient déjà depuis longtemps des procédés de production de musique électronique, comme les Pink Floyd pour ne citer qu'eux.
Cependant, aujourd'hui, la musique électronique commence à se faire sa place grâce à des artistes tels que Laurent Garnier, qui a reçu la légion d'honneur ou Goldie, qui a également été décoré au Royaume-Uni. De plus, on voit certains producteurs qui commencent à proposer des lives inédits aux côtés d'orchestres symphoniques, comme Worakls.
Qu'est-ce qu'on dit à quelqu'un qui ne connait pas l'électro pour lui donner envie d'en écouter ?
Pour donner envie je dirais que tout nouveau courant musical est dans un premier temps mal perçu. Il n'y a qu'à voir le rock longtemps considéré comme la musique du diable avant de voir naître de vraies icônes mondiales (Elvis, AC-DC, Pink Floyd).
Si l'électro ne se résume pas à une musique diablesque pour les infatigables teuffeurs, qu'est-ce qu'on écoute un dimanche après-midi en mode chill-out dans son canapé ?
Le dimanche rien de mieux qu'un peu de Liquid ou de House, selon les goûts de chacun. On peut également citer l'Ambient ou l'Electro Swing.
C'était quoi le Sagouins Crew en 2018 en terme de dates ?
Sur la saison 18/19 nous avons organisé treize événements dont douze sur l'année civile 2018 !
Pour finir, où voyez-vous l'asso dans cinq ans ? Quel serait le projet que vous rêveriez de pouvoir réaliser ?
Dans cinq ans, j'espère que nous aurons enfin pu réaliser l'un de nos rêves qui est de se produire sur la scène du Bikini. Cela n'engage que moi mais si l'association dure cinq années supplémentaires, j'espère que nous ferons partie des piliers de la nuit Toulousaine!
Nous avons un projet depuis un certain temps qui est d'organiser un festival sur plusieurs jours avec plusieurs scènes afin de mettre en valeur toute la musique, que ce soit instrumentale ou électronique. Jazz, hip hop, rock, rap, reggae, dub, techno, trance, dnb, hardtek et beaucoup d'autres. Ce serait vraiment une réussite, complètement en accord avec l'esprit de l'asso !
Entretien réalisé par Alice
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