top of page
Photo du rédacteurNOcTurnE

L'ENTRETIEN SPÉCIAL - Maison Blanche

Dernière mise à jour : 28 oct. 2019

Fin mai, nous avons eu l'occasion de rencontrer l'équipe de la Maison Blanche, café musical associatif situé au cœur du quartier de Compans-Caffarelli. À l'abri de la pluie et du vent, nous avons pu échanger avec Flor, Sarah, Yuri et Héloïse autour du lieu et de son fonctionnement.


© Maison Blanche

La Maison Blanche existe depuis février 2012 et propose une programmation éclectique dans une ambiance chaleureuse et dansante, dont on est particulièrement friands chez NOcTurnE. Alors que la huitième année d'existence du lieu se poursuit en évoluant au milieu des contraintes et des opportunités auxquelles le monde musical et associatif est sujet, on vous invite à en découvrir un peu plus sur cet endroit singulier dans le paysage culturel toulousain.


 

Quel rôle occupez-vous au sein de la Maison Blanche ? Depuis combien de temps travaillez-vous ici ?


SARAH : Je suis chargée de communication, je m'occupe des services civiques, du site web, etc... Ça fait un an, depuis avril 2018, que je travaille ici en tant que service civique. Je serai salariée à partir d'octobre.


FLOR : Je suis la coordinatrice des lieux, je m'occupe du développement, de l'administration, de la gestion, des financements, je suis aussi la co-tutrice des services civiques avec Sarah. Je suis un peu multi-tâches (rires) : je dois aussi me charger du conseil d'administration, de la programmation et autres... Ça fait plus d'un an que je bosse ici. Naturellement, le soir, je me charge de l'accueil des artistes, de la gestion du public...


YURI : Je suis en service civique. Je travaille en tant que technicien, je m'occupe aussi de la mise en page, de l'accueil des artistes et de l'entrée des visitrices et visiteurs. Je suis le fils du créateur des lieux et ça fait six ans que je travaille ici.


HÉLOÏSE : Je suis aussi en service civique, je m'occupe de la comm' avec Sarah, qui est ma tutrice et cheffe. Je me charge, entre autres, de tout ce qui est réseaux sociaux, newsletters, affiches de programmation... Je lave aussi les torchons (rires) !


Combien êtes-vous dans l'équipe ?


Nous sommes deux salariés et trois services civiques. Nous avons aussi des aides bénévoles ponctuelles quasiment tous les soirs.


Pourriez-vous nous décrire une semaine type de travail ?


Nous avons des concerts tous les soirs, sauf le dimanche et le lundi où nous sommes fermés. Le mardi est consacré au Jazz Manouche. Deux mercredis par mois le sont à la musique grecque, et un jour par mois au théâtre d'impro. Pour ne pas déranger le voisinage, en semaine, nous diffusons de la musique plus calme, sans batterie. Les groupes qui en utilisent passent le week-end. L'ambiance est généralement plus festive et chaleureuse, on programme plutôt des groupes de musique latine, africaine, cubaine...

À part ces rendez-vous fixes, nous n'avons pas vraiment de semaine type ; les tâches varient tous les jours.


Quel était l'objectif derrière la création de ce lieu ?


Les fondateurs du lieu l'ont créé, à l'époque, en 2012, pour animer le quartier, qui est l'un des derniers quartiers "populaires" du centre-ville. Ils avaient aussi le désir de programmer des concerts de musique du monde, assez peu présente sur la scène toulousaine à l'époque. Leur volonté était de proposer un lien de diffusion de groupes qui ne bénéficiaient pas d'une grande visibilité, et de rendre ces représentations accessibles à tous... Mais, pour que ces groupes puissent être ainsi diffusés, il fallait un compromis : l'entrée a donc été fixée à prix libre pour les visitrices et visiteurs. Les artistes et les musicien.ne.s s'accordent sur le principe de rémunération au chapeau.


Quel place occupe aujourd'hui la Maison Blanche au sein du quartier ?


Aujourd'hui, la Maison Blanche est plutôt une sorte de hub où les gens vont et viennent entre les autres bars du quartier comme le Breughel. Ils peuvent y commencer leur soirée avant de se rendre dans un autre, tout dépend en général de là où ont lieu les concerts. Les gens viennent surtout pour la musique et peuvent enchaîner la performance de plusieurs groupes en allant de bar en bar. On a la chance de s'être bien intégrés au sein du quartier.


Est-ce que la Maison Blanche est parfois utilisée pour d'autres activités ?


Ça arrive de temps en temps, oui. Il est déjà arrivé que nous la prêtions pour des masterclass, comme celle de la saison dernière, menée par René Lacaille, et à divers intervenant.e.s pour des cours de langues (arabe, anglais), de musique ou de danse. Il y a de l'enseignement de musique brésilienne et grecque, par exemple. En termes de danse, une fois par mois, il y a cours de forró, et il arrive aussi qu'il y ait des cours de chorró.

La Maison Blanche a aussi servi de décor pour un documentaire télé sur la culture hispanique.


Comment se passe la prise de contact avec les groupes qui jouent à la Maison Blanche ?

Y a-t-il des contraintes particulières, une ligne d'éthique que vous tenez à suivre ?


De manière générale, ce sont les artistes qui contactent la Maison Blanche, puis Carlos Belverde se charge de la sélection et de la programmation. On doit malheureusement adresser beaucoup de refus : comme l'accueil des artistes se fait au chapeau, on privilégie notamment les groupes locaux afin de préserver les revenus d'artistes plus connu.e.s, pour qui ce ne serait pas rentable de se produire dans nos locaux.


Pour ce qui est de la programmation, nous diffusons surtout du jazz et de la musique du monde, mais tentons de nous ouvrir un maximum au reste, que ce soit de la chanson française, ou de la pop... En fait, on compose surtout en fonction des demandes. On n'a pas beaucoup de critères, car on ne peut pas se montrer trop exigeants. Mais, pour prendre un exemple, on ne peut pas faire passer de groupes de rock, à cause du bruit, l'ambiance reste majoritairement plus intimiste.


Depuis un moment, nous avons constaté le peu de mise en avant des femmes, qui manquent cruellement de visibilité dans le milieu de la musique. Nous cherchons donc à privilégier des groupes qui ont au moins une femme dans leur composition, mais comme c'est la Maison Blanche qui est sollicitée pour les concerts et que la programmation doit se faire avec ce qui nous est proposé, ce n'est malheureusement pas systématique.


Je dirais qu'il y a entre 20 et 30% de femmes dans les groupes qu'on accueille. C'est toujours plus que la moyenne des groupes en général, mais ça reste quand même inférieur à 50%...

Avez-vous des partenaires, d’autres lieux culturels de Toulouse avec qui vous collaborez ?


Régulièrement, oui. Actuellement, nous sommes en partenariat avec Latino-docs, Alternati'Bar et le FReDD (Film Recherche et Développement Durable) par exemple, ainsi que Music-Halle. Ils vont et viennent avec le temps. On privilégie bien entendu les partenariats associatifs. Il arrive qu'on organise avec eux des soirées de soutien.


Participez-vous à des activités associatives en plus de votre activité de bar ?


Occasionnellement. Nous sommes déjà sortis de nos murs avec l'Association de'll arte, dans le cadre du festival "Tout couleur", dont le but était de fédérer toutes les assos du quartier. Nous y proposions des journées d'animation à Arnaud Bernard, avec organisations de tombola… Nous avions notre stand "Maison Blanche" installé, hors de nos murs.

Il y a eu également l'organisation d'une soirée au Métronum pour l'anniversaire de la Maison Blanche.


Vous exposez souvent des projets d'artistes sur les murs du bar. Avez-vous d'autres projets en cours ?


En effet ! Sur nos murs, on essaie désormais de mettre en valeur un maximum de projets artistiques de femmes, pour leur permettre plus de visibilité, comme avec les groupes que nous accueillons. Nous avons aussi quelques autres projets d'animation dans le quartier.


À quels défis êtes-vous confrontés aujourd'hui ?


Nous sommes toujours confrontés à l'incertitude financière des lieux. En termes d'emploi, quand les contrats aidés étaient en place, la Maison Blanche était surtout un lieu tremplin, mais maintenant, l'objectif est au contraire la pérennisation des postes. L'État ne nous donne aucune subvention pour avoir des salarié.e.s, on ne peut jamais savoir de quoi demain sera fait. Cela dit, la Maison Blanche existe depuis bientôt huit ans et malgré les doutes, nous sommes toujours là !



Entretien réalisé par Anatole, Manon & Séraphin

55 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page