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L'ENTRETIEN SPÉCIAL - Sozinho

Dernière mise à jour : 28 oct. 2019

Bientôt l'hiver nous voudra mettre ses gants et s'il est un lieu où il fait bon venir se blottir c'est bien La Passerelle Negreneys, un projet culturel de quartier implanté aux minimes et lancé par l'association Sozinho. Entre deux clopes et sous la main du vent, rencontre avec le coordinateur de la passerelle, Doni, qui nous parle subventions, actions de quartier et futurs projets.



Salut Doni, tu es à l’initiative de l’association Sozinho et coordinateur de la Passerelle Negreneys, solide pilier culturel et social du quartier des Minimes. Une question bêtement curieuse pour démarrer cet entretien et que tout un chacun se posera forcément – d’où ça vient le nom Sozinho ?


Il existe deux versions, la version qu’on aime bien fournir c’est de dire que quand on s’est installés ici, on était tous seuls puisque Sozinho ça veut dire seul/unique en portugais. La réalité c’est que je cherchais un nom pour l’asso et que j’avais une de mes amies qui était en voyage au Brésil, toute seule et elle m’a dit – quand je me promène dans la rue, les mecs viennent me voir et me disent : Sozinha ? Sozinha ? ça veut dire – t’es toute seule ? t’es toute seule ? Je me suis dit : sozinha… sozinho… très bien !


C’était anecdotique. Mais c’est rigolo parce qu’aujourd’hui on a plus de 2000 adhérent.e.s, on a beaucoup beaucoup de bénévoles très actifs et donc chez nous on dit, Sozinho n’est jamais seul !


Et à l’époque, quand tu as créé l’asso, tu étais seul ?


Non, on était une poignée dont certains sont toujours là aujourd’hui mais c’est moi qui ai impulsé la création.


L’association a été fondée en 2009, on vient de fêter nos 10 ans et le constat de départ de l’asso c’était… on voulait aider des artistes émergent.e.s, en particulier dans la musique actuelle. Donc l’idée c’était de les accompagner puisqu’on était beaucoup de fondateurs de l’asso à être issus de la musique.


Du coup Sozinho c’est le point de démarrage, puis plus récemment l’association s’est lancée dans un projet qui a pris de l’ampleur – la Passerelle Negreneys ! C’est quoi La Passerelle pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas ?


La Passerelle Negreneys ce n’est pas qu’un lieu, c’est d’abord un projet de territoire qu’on mène ici sur le quartier de Negreneys qui est un quartier QPV – Quartier Prioritaire de la Politique de la Ville – c’est un contrat qui est signé entre l’Etat et toutes les collectivités locales, l’idée étant de mettre plus de moyens sur certains quartiers qui en ont besoin… c’est l’idée de base, on va dire.

Donc la Passerelle Negreneys, on l’a montée il y a maintenant quatre ans, puisqu’ici il y avait des gros problèmes de trafic, il y a toujours des gros problèmes de pauvreté, des problèmes de non-mixité… Alors que la mixité elle est là, sous nos yeux, puisqu’il y a deux cités dans le quartier et des maisons hors de prix tout autour ! Et le seul endroit où tous ces gens peuvent "s’apercevoir" c’est l’école, mais on est dans un quartier populaire où y a rien, pas d’accueil jeune, pas de MJC, pas de centre social, pas de salles accessibles aux habitant.e.s – rien ! Donc on s’est dit qu’en tant qu’acteurs de la culture on avait quelque chose à amener. Mais on est pas une asso de quartier, hein ! On est une asso culturelle dans un quartier – ce qui n’est pas exactement la même chose !


On a commencé par une action qu’on a appelé les cafés-livres, tous les jours à la sortie des écoles depuis quatre ans, on se poste entre 16h et 17h dans les deux jardins publics qui sont attenants aux deux écoles, et on distribue des bouquins aux enfants avec des sirops, etc… ça c’est l’action de départ qui nous a permis de prendre contact avec les habitant.e.s, qui nous a permis de mieux les connaître, de connaître leurs attentes et de cibler nos projets en fonction et pas de partir du postulat que nous, asso culturelle, on sait mieux que les autres !


On reproche souvent aux assos culturelles d’être des soucoupes volantes – d’arriver dans un quartier, de faire une action un peu coup de poing puis de repartir – nous on est à l’inverse de ça.

Ensuite on a mis en place des initiations artistiques tous les mercredis, avec un.e intervenant.e différent.e à chaque fois, l’idée étant que les enfants aient accès au plus de pratiques artistiques possibles, le plus souvent possible, le plus jeune possible, c’est gratuit, sans inscription, sans limite d’âge pour n’exclure personne. On a commencé y a quatre ans, on avait trois enfants, aujourd’hui ils sont plus de vingt-cinq tous les mercredis donc c’est un rendez-vous qu’on a vraiment réussi à instituer avec eux.


On fait aussi des semaines de création pendant les vacances où, là, c’est le.la même intervenant.e toute la semaine pour bosser un peu plus en profondeur avec les enfants – ils ont fait un court-métrage, un rallye photo, un spectacle de cirque, un spectacle de danse, etc… Puis on s’est rendus compte qu’on n'avait pas de lieu, comme je disais tout à l’heure, donc on a décidé d’essayer de créer un lieu qui fasse du lien social et donc on a créé un lieu culturel puisqu’on est une asso culturelle.


Il existe trois axes dans la Passerelle : l’espace public – c’est les actions dont je viens de parler puisqu’elles sont menées dans l’espace public, jardins ou parcs de la cité – après il y a le 'hors les murs', tous les mois on fait des escapades, on amène les habitant.e.s dans des lieux culturels à l’extérieur ; l’idée, c’est que dans les quartiers populaires, il y a beaucoup de problèmes de mobilité donc il s’agit de désenclaver, de les amener à l’extérieur – ça marche très fort avec les enfants, beaucoup plus dur avec les parents puisqu’il y a des questions de légitimité, c’est-à-dire, l’accès à la culture oui, mais l’accès à la démarche, l’accès à la légitimité, c’est un truc qui se travaille beaucoup plus sur le long terme, c’est pour ça qu’on s’est « attaqués » aux enfants avec l’espoir qu’ils vont s’en souvenir et qu’à plusieurs périodes de la vie, dans plusieurs types de problématiques, ça pourra leur être utile d’avoir un vécu artistique et collectif.


Et le troisième axe de la Passerelle c’est le lieu ! On a monté le lieu d’art qui est juste derrière nous en juin 2018, on a fait du spectacle vivant pendant tout le mois, on a lancé un appel et on a déclaré Negreneys quartier d’art prioritaire avec l’idée que la culture doit revenir dans la vie quotidienne des gens et doit sortir de ses « ghettos de cultureux », et on a, nous, acteurs de la culture, un vrai rôle à jouer, surtout quand on est là sur place.


Tout à l’heure tu as dit : « On est une asso culturelle de territoire », est-ce que la région subventionne la Passerelle ?


Non, la région ne subventionne pas, ils nous épaulent sur une aide à l’emploi. Mais ils nous suivent de très près et je pense qu’on va y arriver avec eux. Aujourd’hui, pour globaliser ta question, on travaille avec toutes les institutions, la mairie, le département, l’état, la caf..., pour devenir ce qu’on appelle un espace de vie sociale. Quand on est dans un quartier où il n’y a pas de centre social, il faut qu’il y ait au moins quelque chose qui s’appelle un espace de vie sociale.

Donc il y a un cahier des charges que l’on doit rentrer pour pouvoir bénéficier de cette appellation et du budget qui va avec.


Parce qu’il n’y a pas de cotisation, pas d’adhésion, tout est gratuit ?


Alors si, il y a une adhésion qui est à prix libre pour la Passerelle. Après il y a une adhésion pour Réseau Culture qui elle aussi est payante. On a deux projets à Sozinho : la Passerelle Negreneys, et notre projet culturel de base, qui s’appelle Réseau Culture.


Donc vous faites les deux en parallèle ?


Exactement nous menons les deux en parallèle, l’un entretient l’autre et l’autre entretient l’un puisque Réseau Culture c’est notre expérience d’organisateur d’évènements – on a organisé plus de 200 événements en 10 ans, des plus petits lieux aux plus gros ! On a un réseau artistique très étendu et de qualité dont on fait bénéficier tou.te.s les adhérent.e.s de la Passerelle Negreneys ; globalement tout le quartier, grâce à la passerelle, Réseau Culture a un lieu désormais… des lieux même ! Puisque Réseau Culture a un lieu d’art, il a un lieu de diffusion aussi, où l’on peut faire de la musique, de la danse, du théâtre, des spectacles jeune public et j’en passe, puisqu’il y a plein de choses qui vont se passer à l’avenir ; et puis un café associatif – il a ouvert depuis le 1er mars, actuellement on est pratiquement à 2000 adhérent.e.s, ça montre un petit peu l’attente qu’il peut y avoir dans le quartier.




2000 adhérent.e.s c’est énorme ! Dans la vie quotidienne, pour gérer le lieu et les activités, vous travaillez avec des bénévoles ? Des services civiques ?


Alors, au niveau des ressources humaines, globalement, dans l’association nous sommes 6 salarié.e.s aujourd’hui. Sachant qu’il y a trois ans on avait un salarié 20h qu’on avait du mal à payer… donc on est sur ce qu’on appelle « un changement d’échelle », on a fait x2 chaque année depuis 4 ans !


En plus, on travaille avec 8 volontaires en service civique pour des missions de 8 mois ; on tient beaucoup à ce dispositif. Chez nous les services civiques sont inclus dans toutes les actions et dans toutes les discussions ! On est complètement transparents – c’est la transparence qu’on réclame à nos partenaires publics : d’où vient l’argent ; où va l’argent. Il n’y a aucune discussion tabou chez nous. C’est normal, ils sont là pour que l’expérience soit enrichissante, on veut qu’ils puissent défendre le projet donc on les implique à fond. La moitié des salarié.e.s actuel.le.s sont d’ancien.ne.s volontaires en service civique ; la moitié du conseil d’administration de l’association le sont aussi.


On a également une quarantaine de bénévoles « noyau dur » qui participent à toutes nos actions, à la gestion du lieu, qui sont présent.e.s sur nos grosses orgas, etc. Et on a mis en place des tables rondes dans l’asso sur des sujets un peu transversaux, type : la programmation, les événements internes, la communication, les partenariats… une série de tables rondes auxquelles les bénévoles peuvent participer comme ils et elles veulent ; c’est une façon de les impliquer sur autre chose que du ponctuel ou de l’événement quoi !


Justement, par rapport à la programmation, ça marche comment ? Est-ce qu’il y a des critères au niveau de la forme ou est-ce que vous prenez tout, musique, théâtre, lectures ?


Alors on prend tout, on est ouverts à tout !


On vous écrit, on vous envoie un mail en présentant notre projet – juste ça ?


Exactement, en envoyant un mail à la Passerelle : lapasserellenegreneys@sozinho.org


Et vous faites une sélection ?


Bientôt il va falloir puisqu’on a de plus en plus de demandes ! Mais sinon, pour nous, la seule limite c’est celle qui est imposée par le lieu, puisque le lieu n’est pas extensible à l’infini.


Et la deuxième limite qu’on pose c’est une limite qui a été votée par le conseil d’administration de l’asso, à savoir que chez nous on a de très fortes réserves sur tout ce qui peut être perçu comme étant politique ou comme étant religieux…


Contrairement à beaucoup d’associations culturelles engagées, nous, on pense qu’il y a plusieurs façons de s’engager ; que décréter un engagement politique marqué quand on veut faire de l’inclusion sociale c’est contre-productif!

On accueille tout le monde sans demander pour qui il vote, s'il vote, sans demander en qui il croit. Il y a suffisamment d’espaces dans la société pour parler de ces sujets-là, ici, à la Passerelle, c’est pas le lieu pour parler de ça.


Parfois sur certaines programmations ça peut poser problème… car nous voulons que les artistes aient une liberté d’expression totale et en même temps on a envie que nos programmations soient accessibles à tou.te.s et soient pertinentes pour tou.te.s aussi. Donc parfois ça crée des débats et c’est bien, mais pour l’instant on n’a jamais fait face à ce genre de dilemme.


Je voulais poser une question par rapport à tous ces jeunes que vous avez pu rencontrer depuis 10 ans, est-ce que ça a donné envie à certains d’entre eux de faire un service civique ?


Les jeunes qu’on suit dans les ateliers, tu veux dire ? Alors, ils sont encore petits ! Par contre les plus âgés commencent à avoir l’âge, l’an dernier on avait un gamin du quartier en service civique.


Pour nous, ce qui compte c’est que ce soit des équipes qui ressemblent à Sozinho, qu’ils viennent de partout, qui ont des cursus très différents, qui ont des cultures très différentes. Ce qu’on leur demande c’est d’être bienveillant.e.s, uni.e.s et ensemble dans le projet – et le projet c’est Sozinho ! C’est assez simple finalement, mais ça marche très bien.


Du coup pour la programmation des évènements, vous avez des rendez-vous hebdomadaires qui sont prévus ?


Oui, tout à fait, on a plusieurs rendez-vous ! Il y a ce qu’on appelle les "befores de la Passerelle", tous les vendredis.

Un jeudi sur deux, il y a des soirées jeux quizz ou blind test – ça cartonne cette année !

Les rendez-vous commencent à se faire dans la tête des gens… La Passerelle c’est un bébé de 8 mois, faut pas oublier ! On est vraiment au tout début d’une démarche.

Ensuite, on a les vernissages des expos toutes les 6 semaines.


J’ai ouï-dire que La Passerelle s’agrandit, que vous alliez avoir de nouveaux locaux – est-ce qu’on peut parler de ces futurs projets de la Passerelle ?


Alors, je peux en parler de façon globale puisqu’on est en train d’étudier, on est à la phase devis/travaux et pour l’instant, il n’y a pas de choses vraiment décidées. Ce que je peux dire c’est que notre ambition c’est de créer un cœur de quartier qu’il n’y a pas dans ce quartier. D’étendre l’offre qui est proposée aux habitants en réponse à des manques qu’on a identifié. C’est l’occasion pour nous d’inclure d’autres acteurs associatifs ou des acteurs de l’économie sociale et solidaire sur notre projet, et évidemment d’inclure les habitant.e.s en premier lieu, puisque ces locaux, ils sont destinés à elles et eux.


C’est quoi les horaires du café associatif de la Passerelle ? On peut venir prendre un café en journée par exemple ?


Alors, c’est amené à évoluer puisque c’est en fonction des forces bénévoles… Il y a des gens qui viennent se plaindre que ce n’est pas ouvert à tel moment, ben on leur dit : venez, devenez bénévole, aidez-nous à ouvrir ! À l’heure actuelle, on est ouverts du mardi au samedi, de 9h à 20h en semaine et jusqu’à 21h30 le vendredi soir, dans le cadre des concerts. On est un lieu de jour, volontairement, parce qu’il y a des habitant.e.s partout autour. L’idée ce n’est pas d’embêter des gens, c’est d’être un lieu d’inclusion, un lieu d’accueil, c’est pour ça qu’on est sur ces horaires-là.


Il me semble que depuis tout récemment, vous avez aussi une antenne à Marseille, c’est exact ?


Effectivement ! Nous avons monté depuis le mois de juillet dernier une antenne à Marseille. Nous avons une coordinatrice sur place, on a un réseau existant là-bas, c’est pour ça qu’on a choisi cette ville. Il y a aussi beaucoup de travail à faire aussi en terme d’accès à la culture là-bas, on est installés à Belzunce, qui est un quartier très populaire, juste à côté de la gare et avec des choses très similaires. On développe les mêmes actions que celles qu’on mène à la Passerelle en fait.


Il y a un lieu d’accueil aussi sur Marseille ?


Alors, il y a un bureau pour l’instant mais en fait c’est un jardin public, avec un centre social, un centre culturel… donc on a tout notre public sous la main ! On fait des actions dans l’espace public, c’est un peu la phase 1 – l’idée c’est un peu de se tester sur : est-ce que le projet de la Passerelle peut être essaimé ailleurs ? Est-ce que c’est pertinent d’utiliser la culture pour faire du lien social ? Puis essayer de revitaliser des cœurs de quartier qui sont dévitalisés et aider les habitant.e.s à se réapproprier leur quartier. Et ça marche super bien pour l’instant, l’accueil que l’on a est magique !


Merci Doni, tu as été très complet très rapidement ! Donc je pense qu’on ne va pas t’embêter plus longtemps…


Ça fait 10 ans que je fais ça donc je commence à être rodé en fait.


J’en ai une dernière, en fait… les intervenant.e.s des initiations artistiques du mercredi, ils.elles sont bénévoles aussi ?


On a un défraiement, donc l’animation dure 2h30 et on les défraie 80 euros, c’est pas grand-chose. On peut parler d’argent 2 secondes – on est toujours en recherche de budget parce que l’argent c’est le nerf de la guerre ! Donc, aujourd’hui, moi je m’occupe beaucoup de ça, d’essayer de trouver les financements qu’il faut, parce qu’on est une association dans un quartier, dans la culture, donc on n'a pas trop le vent en poupe par rapport à tout ça.


Alors que vous devriez…


Je pense aussi ! Et d’ailleurs on a longtemps bossé sans demander de financements, jusqu’à ce qu’on fasse des projets où on a considéré que c’était de l’intérêt général et que du coup c’était cohérent que nos impôts à nous tou.te.s servent un peu à financer ce genre de projets !


Tu as envie d’ajouter quelque chose de ton côté ?


Ben merci déjà, c’est super gentil, à chaque fois qu’on parle de nous c’est toujours… une goutte d’eau dans ce fameux vase de la communication, je suis ravi, et n’hésitez pas à revenir au mois de mars par exemple, car je pense qu’on aura pu ouvrir le reste des locaux et je pourrai en dire plus sur ce qu’on va faire dans ces espaces.


C’est combien de nouveaux locaux, là ?


Il y a un local qui est destiné à être la Cantine, on fait une salle commune à côté, et l’idée c’est que ce soit une salle polyvalente qui puisse servir à plein de choses, en particulier des cours, de musique, danse, théâtre etc. On va faire un lieu de travail partagé, et à côté il y a un atelier qui fait 50m² qu’on va transformer en lieu de résidence pour les artistes qui exposent, qui auront donc une résidence d’un mois avant d’exposer, ce qui leur permettra de proposer de l’évolutif aussi. On va leur proposer de faire bouger l’expo aussi pour que les gens aient des raisons de revenir.


Ben super merci à toi en tout cas !


Merci à vous, c’était avec plaisir.


Et bon courage pour la suite.


À bientôt !



Entretien réalisé par Alice et Manon

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