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PORTRAIT - Étienne Manchon Trio

Dernière mise à jour : 23 avr. 2019


Suite à la sortie de son premier album, Elastic Borders, le 22 février dernier, le pianiste et compositeur Étienne Manchon a accepté de répondre à nos questions pour nous parler de son trio, de l’album et de bien d'autres choses !


©Aristide Saint-Jean


Ces trois-là se connaissent bien, très bien, et quand ils jouent ensemble, l'alchimie opère.


Depuis décembre 2016, le trio travaille (entre Toulouse et Paris) et teste sur scène son

répertoire : des compositions, principalement, mais aussi quelques (ré)arrangements des Beatles, de Coltrane ou de Chick Correa. Après une démo et un premier EP, Originals / Standards at Night, sorti en 2017, Étienne Manchon Trio vient tout juste de fêter la sortie de son premier album, Elastic Borders, le 22 février dernier au Taquin, à Toulouse.


Devant un public venu en nombre, sur une scène éclairée d’un bleu-nuit propice au voyage nocturne, les trois musiciens ont livré un concert en deux temps, tout en nuances (à l’image du premier morceau, « 16h32 »), qui s’est achevé magnifiquement par une suite en trois mouvements (de 22 minutes !), nommée « Debussy Reunion »... de quoi ravir les amoureux du jazz !


Joueurs, complices et maîtres de leurs instruments, ces trois jeunes virtuoses sont à suivre de (très) près. Si vous ne les connaissez pas encore, NOcTurnE a profité de l’occasion pour poser quelques questions au pianiste Étienne Manchon.



 

Qui se cache derrière Étienne Manchon Trio ? De quand date le projet ?


Le trio s'est monté en 2016, un peu par hasard : j'avais carte blanche sur deux dates au mois de décembre et j'avais envie de tester en trio. Ces deux concerts se sont tellement bien passés qu'on a eu envie de continuer l'aventure, et une trentaine de concerts après, on est toujours là... Le trio c'est Clément Daldosso à la contrebasse, Théo Moutou à la batterie et moi-même au piano et aux compositions.


Quel est votre parcours à tous les trois ? Avez-vous d’autres formations, d’autres projets en parallèle de ce trio ?


Théo a commencé la batterie dès l'enfance au conservatoire de Saint-Denis à la Réunion, puis en 2012 il est arrivé à Toulouse à la fac en musicologie jazz et au conservatoire de Toulouse, ainsi qu'à l'école Agostini. Il a passé son DEM et son DE, et depuis 2017 il est élève au Conservatoire Supérieur National de Musique et de Danse de Paris. Il joue aussi régulièrement avec le trio de Mark Priore, pianiste lyonnais, ainsi que sur la scène parisienne en compagnie des autres élèves du CNSM.


Clément a commencé la contrebasse au Collège de Marciac, puis il est allé aux conservatoires d'Agen et de Lyon avant d'arriver en 2015 au CNSM de Paris. Il joue avec beaucoup de monde, entre autres avec André Ceccarelli, Jean-Michel Pilc, Giovanni Mirabassi... Et au niveau des groupes, il joue dans le Zoot Collectif, Noé Huchard Trio, Noé Clerc Trio, et il a son propre quartet, Clément Daldosso Quartet.


Quant à moi, j'ai commencé le piano classique à 4 ans avec mon père, puis à l'école de musique de Neufchâteau, puis au conservatoire de Clermont-Ferrand. En 2012 je suis arrivé à Toulouse à la fac en musico jazz et au département jazz du Conservatoire de Montauban. En 2015 je suis arrivé au CNSM de Paris où je suis resté jusqu'en 2017. J'ai joué entre autres avec Tom Ibarra, Nicolas Gardel et Serge Lazarévitch. Au niveau des groupes, j'ai également un octet, La Pieuvre Irréfutable, et je joue avec Toys (Julien Duthu, Pierre Dayraud), Yves Rousseau Septet, Jean-Marc Padovani, et je joue aussi de la musique baroque au clavecin dans l'ensemble Lyra.


Votre premier album, Elastic Borders, vient tout juste de sortir (le 22 février dernier).

Qu’est-ce qui est important quand on se lance dans l’enregistrement d’un premier album ? Quelle a été votre démarche, votre intention ?


La démarche, à la base, c'était de faire une sorte de photographie de l'évolution du trio : beaucoup de morceaux de l'album font partie de notre répertoire depuis un moment déjà et on a eu l'occasion de les roder sur scène depuis la création du groupe.

Je pense que les deux choses les plus importantes quand on se lance dans une telle entreprise, c'est d'abord d'être le mieux rodé possible musicalement et d'être conscients du prix que ça coûte – ce qui se rejoint évidemment. Car en dehors du prix du studio, du mixage et tout ce qui va avec, c'est important de prévoir un budget pour la communication.


Si tu crois en ta musique et que tu as envie qu'elle touche le plus de gens possible, c'est primordial qu'elle dépasse ton premier cercle familial et amical !

Des artistes ou groupes « références » ?


Il y en a beaucoup mais pour en citer trois, je dirais : Aaron Parks (particulièrement l'album Invisible Cinema), Bill Evans et Ben Wendel.


On entend dans votre musique l’influence de différents univers musicaux (du rock progressif au hip-hop, en passant par la musique classique et baroque) mais est-ce que votre jazz se nourrit aussi du cinéma ou bien est-ce que c’est le jazz qui, naturellement, donne à voir du cinéma ?


J'avoue que ma culture cinématographique s'approche dangereusement du néant (ce qui n'est pas le cas de Théo et Clément), mais si l'auditeur arrive à se former des films à partir de la musique que l'on joue, ça veut dire qu'on raconte une histoire, et c'est bien là le plus important !


S’il y avait un « morceau NOcTurnE » dans Elastic Borders, ce serait lequel ?


Je dirais « Bersamo », qui est le seul morceau véritablement nostalgique dans l'album à mon sens.



Quand on voit « 16h32 » on a envie de savoir l’histoire de ce morceau qui ouvre votre album comme vos concerts…


Il y a des mystères qui devraient le rester car l'explication est assez décevante : il était 16h32 lorsque j'ai regardé l'horloge et que je cherchais un titre à ce nouveau morceau...


Est-ce que vous avez déjà réussi à commencer un concert à 16h32 en jouant ce morceau ?


Pas encore, mais on ne désespère pas !


Vous avez invité plusieurs jazzmen sur votre album (Pierre Lapprand, Pierre de Bethmann et Ossian Macary) : est-ce que l’idée était d’élargir encore plus les frontières et les horizons de votre musique ? Est-ce que c’est une manière aussi de distinguer l’enregistrement du live ?


Je suis passionné par l'arrangement et les façons d'associer différents timbres. Je trouve qu'avoir une formation assez élastique permet à l'album de bien respirer (on va du duo au sextet au cours de l'album). Et, en effet, j'aime bien l'idée de pouvoir se permettre en studio ce qui est difficile à faire sur scène : plus de musiciens et quelques pistes réenregistrées (claviers, percussions).

En jazz, il y a vraiment deux écoles : tout enregistrer en live, dans la même pièce, et quasiment rien retoucher par derrière, ou à l'inverse se permettre de « produire » plus le son pour le différencier d'un concert live. Les deux démarches sont très intéressantes, mais pour cet album on a plutôt fait le deuxième choix.


Ce qui nous a frappé lors de votre concert à l’Impro en septembre 2018, au Taquin le 22 février dernier ainsi que sur votre album, c’est ce « Debussy Reunion » : une suite en trois mouvements, impressionnante par sa construction et sa durée (plus d’une vingtaine de minutes). Elle semble incarner parfaitement l’esprit de votre trio.

Quelle est son histoire, son secret ?


En effet, c'est un peu une synthèse de beaucoup de choses. Ça part d'un intérêt particulier pour la musique savante du XXème siècle avec des compositeurs comme Debussy et Ravel, et aussi pour une musique traditionnelle réunionnaise que Théo joue à merveille : le maloya.

La suite s'est un peu construite pêle-mêle, j'ai recyclé quelques anciens bouts de compositions que j'ai réadaptés et une grande partie a été écrite pour l'occasion. On l'a créée lors d'une résidence au Taquin en décembre 2017 et elle a pas mal évolué au fur et à mesure des concerts.


Qu’est-ce que vous écoutez en ce moment ?


En ce moment je flashe sur l'album Small Town de Bill Frisell & Thomas Morgan.


Venir fêter la sortie de votre premier album dans un lieu comme le Taquin, espace de création, de résidence, de diffusion et de rencontres avec une programmation de qualité (et des bières excellentes), est-ce important pour vous ?


C'est hyper important. C'est un de mes lieux favoris à Toulouse, il manque juste des pantoufles à l'entrée et on est à la maison ! Le choix du lieu a été évident, surtout que nous y avions été accueillis comme des rois en résidence auparavant. Et rien que pour les bières, ça vaut le coup...


Quelle est la prochaine étape pour Étienne Manchon Trio ?


Tourner un maximum avec ce répertoire, puis renouveler tout ça au fur et à mesure…


Pour notre playlist du vendredi, spéciale jazz cette semaine, avez-vous un morceau à nous faire découvrir ?


Sans hésitation : « Karma » d'Aaron Parks !




Les prochaines dates d’Étienne Manchon Trio :

20/04 - Saint-Créac (32)

29/06 - Tire Boud'Son - Buxy (71)

22/08 - Château d'Aubiac - Aubiac (47)

16/10 - Jazz sur son 31 - Toulouse (31)






POUR LA SUITE DU VOYAGE, RDV VENDREDI...




Séraphin

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