C’était il y a deux mois, le 25 Juillet, que nous avons découvert Isabel Bayón au Jardin Raymond IV. À cet instant, nous ne le savons pas encore, mais la bailadora va nous livrer ‘Yo Soy’, un spectacle d'exception dans lequel, du rire aux larmes, on lit comme dans un livre.
Elle rend hommage aux personnes qui l’ont élevée, à la musique qui l’a faite grandir, rêver, voyager et devenir, et nous embarque avec elle et son talent pour un spectacle intimiste, drôle
et plein d’histoires…
21 h 07 : C’est (comme bien trop souvent) en retard et sous un soleil de plomb que nous nous glissons pour trouver une place dans l’immense amphithéâtre du Jardin Raymond IV. Le temps de se délecter d’une bière fraîche à la ginguette Saint Cyprien avec vue sur la Garonne, et de repérer les dernières places disponibles sur les marches, nous y voilà.
21 h 24 : Installés, on attend ; on a le temps de voir le soleil tomber dans la Garonne, un petit vent se lève et le silence s’impose, doucement. Il faut tout de même préciser qu’Isabel Bayón a totalement revisité son spectacle pour effectuer une performance en extérieur et cela pour le proposer au public toulousain en partenariat avec le Festival de Flamenco de Toulouse.
21 h 42 : LUMIÈRES…
BLANCHE
La Bailadora arrive, vêtue de blanc, elle porte dans ses bras une robe noire qu’elle laisse tomber par terre. Un spot blanc illumine sa silhouette, on entend une voix. Une voix âgée, a capella, celle de sa grand-mère ? Une berceuse...
Alors que la tension monte, elle enchaîne les performances techniques comme un échauffement, les musiciens arrivent sur le rythme d'une Sevillane. Comme par magie, le vent se lève, un halo de poussière tourbillonne autour d’elle et d'eux… Musique ! La percussion se retire pour laisser place aux guitares. Les chanteurs arrivent, le spectacle commence…
BLEUE
La danseuse accélère et nous balade dans son enfance avec une Alegria, la lumière passe au bleu, les contrastes sont magnifiques. Habillée de sa robe noire, elle démystifie, singe presque la rigueur de la danse en passant de la Sevillane à la Solea avec une facilité déconcertante.
On imagine l’adolescente provocatrice en quête de renouveau qui cherche à casser les codes d’un art ancré dans les traditions.
Elle quitte la scène, laissant place à son invitée, la chanteuse Sandra Carrasco Tavira, qui interprète le standard « Dos Gardienas » avec brio. Comme suspendue dans l’air, sur un éclairage qui tend vers le rouge, guitares et percussions l’accompagnent avec une bienveillance et une tendresse touchante qui nous émeut aux larmes.
ROUGE
Son intervention ponctue parfaitement l’histoire qu’Isabela nous raconte. Celle d’une femme en devenir qui vit son art comme elle danse, comme elle chante, avec la passion et le Duende dans les veines. On comprend vite que le rouge n’est pas seulement la passion, c’est aussi le feu. Isabela revient de plus belle et enchaîne une Sevillane enflammée ! La Buleria accélère encore le rythme. Elle s’amuse même à chanter, en alternant les rythmes lents et très rapides à la limite du rap. Le public est en feu, on fusionne avec elle, les « Olé ! » se font entendre de toutes parts de l’amphithéâtre.
JAUNE
Au comble du spectacle, elle récupère un sombrero, la lumière passe au jaune.
Sur un magnifique Tango, on reconnaît l’adulte sûre d’elle, en pleine fleur de l’âge.
Celle qui, dans sa robe rouge, sait qu’elle est à sa place et qui ne donnerait rien pour être ailleurs. La chanson du « Sombrero » qui l’accompagne se construit autour de rythmes s’approchant de la rumba, on croirait reconnaître un standard mondial. Oui, les musiciens sont bien en train de reprendre « Beat it » de Michael Jackson et oui, Isabela fait un Moonwalk.
VERT
Pour le final, son invitée revient et interprète une de ses compositions. C’est l’occasion pour les musiciens de tout lâcher. Ils donnent tout et nous embarquent dans une performance musicale incroyable avec de nombreux hommages à Paco de Lucia et Moraito.
Comme bien souvent, l’authenticité et l’ancrage culturel de cette musique rattrapent le sérieux et la rigueur de la performance. On pourrait être devant un Tablao sévillan un soir d’été.
23 h 17 : À l’heure du rappel c’est plusieurs centaines de personnes de tous âges, toutes origines, mais toutes conscientes d’avoir pris une claque artistique phénoménale, qui se lèvent et applaudissent.
Salut, on ne veut pas les laisser partir, mais le spectacle est définitivement terminé. Le sourire sur leurs lèvres témoigne du bonheur que nous avons partagé, tou.te.s ensemble, à écouter et vivre l’histoire de cette grande dame du Flamenco : Isabel Bayón.
Tom
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