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CONCERT - Entre Primas

Dernière mise à jour : 23 avr. 2019

Aujourd’hui nous vous invitons à découvrir, à l’occasion de la 18ème édition du Festival Flamenco de Toulouse, la formation féminine « Entre Primas » composée de trois figures del mundo Flamenco : Antonia Jiménez à la guitare, Alicia Morales au chant et Nasrine Rahmani aux percussions.


© Flamenco festival

Antonia Jiménez est une des révélations féminines de la guitare Flamenca de ces dix dernières années. Son parcours illustre parfaitement la révolution qui a bouleversé les codes et les pratiques de cet art depuis les années 60. En effet, elle a su, malgré les préjugés, s’imposer en tant que femme guitariste au sein d’une pratique majoritairement masculine.


Ces trois artistes se subliment par leur talent respectif, leur complicité et leur jeunesse en nous partageant leur amour pour leur art : El Flamenco Junto. Cette interprétation reprenant les mélodies et techniques de chant les plus anciennes del arte Canto se fond parfaitement avec le modernisme de leurs compositions.


« Entre Primas » ou « Entre cousines » résume parfaitement l’harmonie entre ces trois jeunes femmes, aussi puissantes, entières et charismatiques les unes que les autres.


Elles nous proposent une représentation intimiste à leur image : colorée, intense et généreuse.
 

19 h 44 : Nous voilà le lundi 8 Avril devant l’Institut Cervantes, partenaire incontournable du Festival de Flamenco depuis plus de 15 ans. On a presque le trac, il pleut, il fait froid et notre âge semble intriguer certains curieux déjà présents...


20 h 12 : NOIR… LUMIÈRE. Les voilà.


Antonia Jiménez s’accorde, Nasrine Rahmani chauffe ses doigts, Alicia Morales se concentre, les yeux fixés vers le fond de la salle, personne ne bouge, le Duende[1] s’installe.


Fandango. Antonia au centre, seule avec sa guitare, ouvre le bal. On pourrait penser que c’est un hommage au regretté Paco de Lucia qui commençait tous ses concerts avec cette forme particulière de Toque. Elle pose les bases, les frissons arrivent, nos cœurs s’élèvent et se suspendent dans l’air.


Elle lance alors picados, tremolos, arpèges[2] et falsetas[3] et les cousines la rejoignent. L’unisson se crée, le public commence à ne faire qu’un avec elles, jusqu’à l’arrivée du troisième morceau.


20 h 32 : Alicia Morales se lance dans une Solea. À travers ce rythme plutôt lent, la chanteuse joue avec notre âme, on se regarde sans pouvoir parler, on écoute son histoire chantée avec tellement de passion, de sincérité et d’authenticité, les larmes nous montent.


À l’issue de cette bombe émotionnelle, les trois accélèrent avec des rythmes différents : la Buleria, l’Alegria en passant par le Tango. On se croirait presque dans une soirée Flamenco du sud de l’Andalousie, on s’imagine Cadiz[4], une cave du port de Santa Maria, les palmas[5] et les pieds qui tapent accompagné d’un « Olé ! ».


La dextérité de son jeu et de son touché rappelle Vicente Amigo, un mélange de douceur et de précision. Elle nous balade comme ses doigts sur le manche de sa guitare. Le Cante Junto d’Alicia Morales est tout simplement divin, elle enchaîne les performances vocales sur des compositions à l’image du talent des trois artistes : inventives et modernes.



21 h 14 : FIN. Elles se lèvent et nous saluent, nous aussi. Dans un tonnerre d’applaudissements, on entend « ¡ Una de más ! » ; « ¡ Andale ! » ; « ¡ Por favor ! » ; il fait chaud.


Épuisées, elles se tournent et partent en coulisses, la salle entière est debout. Lorsqu’elles reviennent et nous interprètent un dernier morceau, l’émotion est si palpable que les trois femmes s’enlacent sur scène, rient, et repartent, « entre primas ».



Tom



Duende : incarnation dans la pratique de la musique flamenca. Moment où l’artiste transcende les limites de son art et sur-multiplie sa créativité en se connectant spirituellement avec une dimension supérieure. (Jeu et théorie du Duende – F. Garcia Lorca)


Picados : notes piquées jouées avec l’annulaire et le majeur ; tremolos : succession de triolets avec le pouce l’index et le majeur ; Arpèges : successions de notes avec l’ensemble des doigts sur une corde à la fois.


Falsetas : partie instrumentale jouée par le/la guitariste en réponse aux parties chantées.


[4] Ville d’Andalousie de Sud, un des bastions de la culture Flamenca.


[5] Action de frapper le rythme dans ses mains.

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